La rédaction du CBIP reçoit des questions concernant les communiqués annonçant que la vaccination contre la tuberculose (BCG) et la vaccination contre la rougeole-rubéole-oreillons (RRO) seraient susceptibles d’avoir un effet protecteur contre le COVID-19.

Pourquoi la vaccination contre le BCG suscite-t-elle de l’intérêt ?1-4

  • Depuis plusieurs années, il y a des indications que la vaccination BCG a des effets non spécifiques sur le système immunitaire, et qu’elle aurait ainsi un effet protecteur contre certaines infections des voies respiratoires notamment. Ces effets n’ont toutefois pas encore été bien caractérisés et leur pertinence clinique n’est pas bien connue.

  • Dans le contexte de la pandémie COVID-19, des chercheurs ont constaté que l’incidence de la morbidité et de la mortalité liées au COVID-19 était plus faible dans les pays où les enfants sont vaccinés contre la tuberculose, par rapport aux pays où ce n’est pas le cas. Ces études (qui n’ont pas encore été évaluées par des pairs) ne permettent toutefois pas de se prononcer à ce sujet, vu la forte probabilité de biais.

  • Quelques études contrôlées randomisées sont actuellement en cours, dans lesquelles l’efficacité de la vaccination BCG est testée chez des professionnels de la santé en contact direct avec des patients COVID-19. 

  • En raison du manque de preuves, mais aussi parce que le vaccin BCG n’est disponible que de manière limitée et qu’il doit être réservé à la vaccination des enfants dans les zones à haut risque, l’Organisation Mondiale de la Santé déconseille formellement la vaccination BCG dans le cadre du COVID-19, en dehors du contexte d’études contrôlées randomisées.

Pourquoi la vaccination RRO suscite-t-elle de l’intérêt ? 4

  • Dans le contexte de la pandémie COVID-19, des chercheurs ont constaté qu’il existe des homologies de séquence entre des protéines du virus SARS-CoV-2 et des protéines des virus des oreillons, de la rougeole et de la rubéole. Les chercheurs constatent également que les « groupes d’âge les plus susceptibles de ne pas avoir d’immunité induite par la vaccination RRO ont le pronostic COVID-19 le moins favorable, et que la charge de morbidité liée au COVID-19 est en corrélation avec le titre d’anticorps anti-rubéole ». Ils concluent donc que la vaccination RRO des groupes à risque mérite des recherches plus approfondies. Cette étude n’a pas encore été examinée par des pairs et n’a pas été publiée. Il est trop tôt pour en déduire un effet clinique de la vaccination RRO dans le COVID-19, l’étude ne permettant pas de tirer des conclusions à ce sujet.

  • L’Organisation Mondiale de la Santé ne se prononce pas sur la vaccination RRO et le COVID-19, mais ici aussi, la vaccination visant à protéger contre le COVID-19 est prématurée et déconseillée.

Sources spécifiques

1. World Health Organisation (WHO) https://www.who.int/publications-detail/bacille-calmette-gu%C3%A9rin-(bcg)-vaccination-and-covid-19 (12/04/20)
2. Centre for Evidence-Based Medicine, University of Oxford. https://www.cebm.net/covid-19/does-bcg-vaccination-protect-against-acute-respiratory-infections-and-covid-19-a-rapid-review-of-current-evidence/ (24/04/20)
3. Curtis N. et al. Considering BCG vaccination to reduce the impact of COVID-19. The Lancet, online first (30/04/20). https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)31025-4/fulltext
4. https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.04.10.20053207v1.full.pdf (n’a pas été publié dans une revue, ni évalué par des pairs)