(Complément du 30/07/13:

L’EMA a achevé son évaluation le 26 juillet 2013 et conclut qu’il n’existe pour le moment aucune preuve d’un lien causal entre les antidiabétiques concernés et une pancréatite ou un cancer du pancréas (voir lien).  Le signal subsiste toutefois. L’EMA attend les résultats d’études en cours avant de prendre une décision.) 

 

L’attention a été récemment attirée dans la presse sur la possibilité d’un risque accru  de pancréatite et de cancer du pancréas avec les antidiabétiques augmentant l’effet incrétine; il s’agit des incrétinomimétiques (analogues du GLP-1) exénatide et liraglutide, et des inhibiteurs de la DPP-4 (gliptines) linagliptine, saxagliptine, sitagliptine et vildagliptine (pour les noms de spécialités, voir ci-dessous). La suspicion d’un tel risque n’est pas nouvelle; dans les Folia de janvier 2012 et mai 2013 nous avions mentionné qu’il existait en effet des signaux de pancréatite et de cancer du pancréas (ainsi que de cancer de la thyroïde), mais qu’un lien ne pouvait pas être démontré [voir Folia de janvier 2012 et mai  2013].

Les communications parues récemment dans la presse font suite à un article paru dans le British Medical Journal (BMJ) du 10 juin 2013, écrit par un rédacteur du BMJ (l’article complet peut être consulté librement sur https://www.bmj.com/content/346/bmj.f3680). Le BMJ a lui-même engagé une évaluation de toutes les données disponibles relatives à ce signal, suite à quelques publications récentes qui renforcent le signal de pancréatite et d’un risque potentiel de cancer du pancréas :

D’après le BMJ, le signal était déjà suffisamment fort depuis plusieurs années pour entamer des études précliniques ou cliniques d’innocuité complémentaires, mais ni les firmes responsables ni les autorités de la santé – à savoir la Food and Drug Administration américaine et l’European Medicines Agency (EMA) – n’ont fait  les démarches nécessaires pour entreprendre de telles études.

Suite aux publications récentes parues dans le JAMA Internal Medicine et Diabetes, la FDA et l’EMA ont toutefois débuté dans le courant de cette année des analyses approfondies de ce signal. Nous vous tiendrons au courant de leurs conclusions

Il n’est pas prouvé actuellement qu’il existe un lien causal entre la prise de ces médicaments augmentant l’effet incrétine et la survenue d’une pancréatite ou d’un cancer du pancréas ou de la thyroïde, mais cette éventualité doit être prise au sérieux. Dans l’attente des avis de la FDA et de l’EMA, il convient en cas d’indices de pancréatite (par ex. douleurs abdominales graves) d’arrêter la prise de ces médicaments. Par prudence, il est préférable de ne pas utiliser ces médicaments chez les patients ayant des antécédents de pancréatite ou chez les patients présentant des problèmes liés à l’abus d’alcool. Il n’est pas inutile non plus de rappeler que pour cette classe de médicaments, il n’existe pas (encore) de preuves d’un effet favorable sur les complications à long terme du diabète.  

 

Noms de spécialités

  • Exénatide: Byetta®
  • Liraglutide: Victoza®
  • Linagliptine: Trajenta®; en association avec la metformine Jentadueto®
  • Saxagliptine: Onglyza®; en association avec la metformine Komboglyze®
  • sitagliuptine: Januvia®; en association avec la metformine Janumet®
  • vildagliptine: Galvus®; en association avec la metformine Eucreas®.